 |
L’étude de Jean-Marc Rosenstiehl
porte sur un texte apocalyptique aujourd’hui méconnu mais qui, jusqu’au XIXe
siècle, connut une immense fortune. Emanant de la Syrie du VIIe siècle de notre ère, l’Apocalypse du pseudo-Méthode comprend
deux parties. La première, rétrospective, retrace l’histoire du monde depuis
les origines ; la seconde, prospective, conduit jusqu’à la fin des temps.
C’est la question des sources de
cette apocalypse qui intéresse ici au premier chef R. Par une étude attentive
de la chronologie et de la composition de l’oeuvre, il parvient à montrer que,
outre sur la Caverne des Trésors, chronique remontant au Ve-VIe
siècle, sur le Roman de Julien l’Apostat (rédigé à la fin du IVe
siècle) et sur la Légende syriaque d’Alexandre (composée vers
l’an 630), l’œuvre s’appuie sur tout un arrière-plan scripturaire et
légendaire. Cet arrière-plan inclut des traditions qui ne sont attestées que
dans des écrits appartenant à la littérature intertestamentaire, comme I
Hénoch, le Livre des antiquités bibliques, le Rouleau de la Guerre, et aussi et surtout le livre des Jubilés.
L’essai de R. met ainsi en
lumière le fait que certains écrits juifs, qui sont au cœur de l’enquête menée
dans cet ouvrage, et qui remontent à l’époque du second Temple, ont continué,
par des voies qu’il est impossible de reconstituer de manière précise,
d’influencer les mentalités et d’alimenter des spéculations relatives à la
venue des temps derniers. Reprenant à son compte la périodisation des temps en
une succession de millénaires, l’Apocalypse du pseudo-Méthode illustre
la postérité que connurent de tels comptages jusqu’à l’époque moderne.
Christian GRAPPE et Francis SCHMIDT
|  |