« Modèle du temps et de la fin des temps dans l’Apocalypse du Pseudo-Méthode »

in : < Chr. Grappe & J.-Cl. Ingelaere edd.>
Le temps et les temps dans les litteratures juives et chrétiennes au tournant de notre ère,
Leiden/Boston (Brill), 2006, 231-257.






L’étude de Jean-Marc Rosenstiehl porte sur un texte apocalyptique aujourd’hui méconnu mais qui, jusqu’au XIXe siècle, connut une immense fortune. Emanant de la Syrie du VIIe siècle de notre ère, l’Apocalypse du pseudo-Méthode comprend deux parties. La première, rétrospective, retrace l’histoire du monde depuis les origines ; la seconde, prospective, conduit jusqu’à la fin des temps.
C’est la question des sources de cette apocalypse qui intéresse ici au premier chef R. Par une étude attentive de la chronologie et de la composition de l’oeuvre, il parvient à montrer que, outre sur la Caverne des Trésors, chronique remontant au Ve-VIe siècle, sur le Roman de Julien l’Apostat (rédigé à la fin du IVe siècle) et sur la Légende syriaque d’Alexandre (composée vers l’an 630), l’œuvre s’appuie sur tout un arrière-plan scripturaire et légendaire. Cet arrière-plan inclut des traditions qui ne sont attestées que dans des écrits appartenant à la littérature intertestamentaire, comme I Hénoch, le Livre des antiquités bibliques, le Rouleau de la Guerre, et aussi et surtout le livre des Jubilés.
L’essai de R. met ainsi en lumière le fait que certains écrits juifs, qui sont au cœur de l’enquête menée dans cet ouvrage, et qui remontent à l’époque du second Temple, ont continué, par des voies qu’il est impossible de reconstituer de manière précise, d’influencer les mentalités et d’alimenter des spéculations relatives à la venue des temps derniers. Reprenant à son compte la périodisation des temps en une succession de millénaires, l’Apocalypse du pseudo-Méthode illustre la postérité que connurent de tels comptages jusqu’à l’époque moderne.

Christian GRAPPE et Francis SCHMIDT